Au fond de la Forêt de Werther, Regina fait un cauchemar où il se voit ramper au sol, dans une mélasse noire qui ressemble à des boyaux pourris. Les jambes paralysées, elle est poursuivie pm des scolopendres qui s’enroulent tout autour d’elle, tentant d’hurler par ses orifices, sans qu’elle ne puisse réagir ni crier.
Subitement réveillée par un craquement de branche d’arbre, elle tremble sous le froid et l’humidité qui reviennent cingler son rcorps. Emergeant avec difficulté, elle reprend conscience, horrifiée à la vue de l’endroit morbide, titubant dans la boue.
Le grand pentacle dessiné au sol, désigné par Angie, apparaît…
Quel est le sens de ce symbole ? Comment choisir une direction particulière? Regina porte un tatouage à peu près similaire à ce dessin sur sa poitrine, mais elle n’en a jamais In n hé la signification. D’après ce qu’elle sait, il s’agit d’un symbole hérité de l’époque des Atlantes : une sorte de portail conçu pour changer de réalité – une technologie appelée Protikta, soi-disant apportée sur notre Terre par les habitants d’un autre système solaire.
Par instinct de survie, Regina se ressaisit. Elle se souvient tout à coup du sac que son « ange gardien » lui a laissé, dans lequel elle trouvera une couverture et de la nourriture. Où est-il ? Elle pourra reprendre des forces, explorer un de ces quatre chemins peut-être déchiffrer l’énigme. Le sac reste introuvable !
Paniquée, à tâtons dans l’obscurité, elle retourne vers l’arbre contre lequel elle s’était endormie, le contourne, et se cogne brusquement à un homme, qui tente de la saisir par le bras. Terrifiée, elle bondit en arrière ; la nuit noire l’empêche de distinguer clairement son visage. Il ressemble à un mort-vivant : le visage troué et rongé par des pustules, le teint pâle, les cheveux trempés par la pluie et le regard livide…
À la lueur d’une lune qui se dévoile soudain, l’homme tient son sac dans sa main gauche et une longue lame de rasoir dans la droite. Ses deux poignets ont été fraîchement incisés et le sang coule encore sur ses pieds nus dans la boue et les ordures.
— Donne-moi le sac… murmure-t-elle pour tenter de l’amadouer.
Au contraire, l’homme s’avance l’air furieux en brandissant son arme. S’enfuyant à toutes jambes, Regina rejoint les cordes restées pendues aux arbres, qui remontent la pente par laquelle elle est arrivée. Elle tente de se hisser, mais engluées par la boue, ses baskets la maintiennent rivée au sol.
Sans pouvoir contrôler ses jambes, elle se laisse tomber, crie désespérément à l’aide, tandis que l’homme s’approche encore un peu plus d’elle. Au moment où il tente de la frapper de sa lame, elle parvient à poser le pied sur la racine d’un arbre, à saisir une lanière, et se hisser de justesse. Elle grimpe la pente énergiquement, s’accrochant à tout ce qu’elle peut, tentant de gagner de la distance avec l’ennemi resté en contrebas.
Essoufflée, transpirant à grosses gouttes, sans réelle visibilité sous ses cheveux collés à son visage, elle s’assoit quelques secondes sur une racine. Pour l’instant, elle est encore sauve !
S’accrochant aux cordes qui pendent encore des arbres, plutôt des ficelles effilochées, elle se redresse. Mais sous son poids, les
Les liens cassent: son corps dévale une large partie de la pente • in clic avait gagnée. Sonnée, elle aperçoit l’homme à quelques mètres d’elle. La peur reprend le dessus.
La forêt devient cacophonique. Des cris d’animaux ou J humains, probablement en souffrance, se multiplient dans i obscurité – une forte odeur de putréfaction se dégage des fourrés à cause de l’humidité, provoquant à Regina des haut-le-cœur. Elle se sent traquée comme une bête, poursuivie par des entités assoiffées de sang et qui veulent sa peau. À bout de forces, dans un sursaut, elle essaie d’écouter son instinct: quitter le chemin principal pour continuer par la forêt, trouver un endroit où se mettre à l’abri, se reposer jusqu’à la première lueur du matin…
Après plus de vingt minutes de lutte et de marche dans la boue les ronces et les racines, errant dans les entrailles sombres i’ la forêt, elle repère un grand arbre au tronc creux, suffisamment large pour qu’elle s’y niche et se protège du froid. Ses vêtements détrempés par la pluie, elle doit se mettre nue, se nicher à l’intérieur et creuser pour se recouvrir de terre. Comme lorsqu’elle et Angie étaient scouts.
Ce souvenir lui arrache un sourire, malgré la faim qui lui ronge l’estomac. Des bruits de pas ! Elle s’enfouit la tête, retient sa respiration. L’homme s’est rapproché, rôde encore à sa recherche… Il passe, s’arrête… ne la voit pas, la dépasse… s’éloigne…
I Ile respire à petits coups, reprend espoir de survivre à cette infernale, d’échapper à cette forêt cannibale. Retourner à l’aube sur le camp, et peut-être retrouver le sac indispensable à a survie. Le pentacle revient s’imprimer dans son esprit. Au défi des fameuses quatre voies, Regina se met à prier. Lui revient l’image de son propre père, avec qui elle assistait à des rituels.
Célébrez la Déesse, la plus auguste des déesses !
Honorée, soit la Souveraine des femmes.
Elle est joyeuse et revêtue d’amour, pleine de séduction, de
vénusté, de volupté.
Ses lèvres sont tout miel, sa bouche est vivante.
A son aspect, la joie éclate !
Elle est majestueuse, la tête couverte d’un or subtil et invisible.
Splendides sont ses formes, ses yeux, perçants et vigilants ont
tant à traduire du faux.
Elle, la déesse à qui l’on peut demander conseil, le sort de toutes
choses pourrait être en ses mains, si son cœur l’avait décidé.
Elle le tient le destin de tout homme entre ses mains.
De sa contemplation naissent l’allégresse, la joie de vivre, la
gloire, la chance et le succès.
Elle aime la bonne entente, l’amour mutuel, le bonheur, elle
détient la bienveillance.
La jeune fille qui appelle sur Terre n ’est autre qu’elle, qu’elle
rappelle à son rôle de mère des hommes, du monde entier.
Elle la désigne dans la foule, elle articule son nom !
Qui donc peut égaler sa grandeur ?
indescriptible, elle croit rêver…
maintenant dans ton cocon, dans le ventre qui détient ton sort. Plonge à l’intérieur de toi. Sens-tu cette terre froide et visqueuse qui t’entoure ? Je sais, tu la trouves désagréable / Sois une avec moi ! Il faut reprendre des forces, te relever, tu peux bouger tes membres, il n’y a plus de danger à présent.
Non, je n’y parviens pas, je n’en peux plus ! Je veux juste quiner ce monde… Qui es-tu ?Je suis ton guide. Prends de la hauteur ! Allez, debout m, tin tenant ! Ton cerveau va tourner dans tous les sens, mais il va falloir marcher ! Tu entendras Mozart, Beethoven et Satie dans ces sentiers, ce sont tes guides, eux aussi.